Vous avez dit post-traitement ?

On me demande souvent quelle est l’utilité du post-traitement pour la photographie en général et pour un photographe de mariage en particulier
Est-il indispensable quand on photographie en numérique ?
Quelle différence entre une photo avec post-traitement et une photo « retouchée » au sens de “falsifiée” ?
Combien de temps ça prend ?

Je vais tâcher ici d’y répondre brièvement par l’exemple.

A l’époque de l’argentique la photo ne se limitait pas à la prise de vue.
Il était inconcevable d’avoir une belle photo sans un bon tirage.
Au tirage on règle un ensemble de paramètres basiques tels que le contraste (par le choix du papier ou du filtre), la luminosité (par le temps d’exposition du papier) le cadrage.
On peut aussi aller plus loin en modifiant de manière sélective la luminosité de l’image.
Souvent juste avec les mains ou, si on veut être plus précis, à l’aide de cartons prédécoupés, on fait des « masquages ». C’est-à-dire qu’on diminue la quantité de lumière sur certaines parties de la feuille. Ceci permet de faire ressortir la partie la plus importante de la photo (par exemple le visage) ou même d’éliminer ou du moins d’estomper certains détails gênants.

Et le numérique dans tout ça ?
Et bien, dans la photo numérique c’est pareil !!
Sauf que toutes ces « manipulations » ne se font pas dans le noir, avec juste une faible lumière rouge, avec les odeurs des différents bains, mais confortablement assis derrière un écran bien calibré !
Ces ajustements sur la photo restent indispensables.
L’appareil photo, aussi perfectionné soit-t-il utilise des paramètres « moyens », un compromis acceptable dans la plupart des conditions mais qui n’est optimisé pour aucune des conditions !
D’où l’intérêt de retravailler chaque image séparément pour avoir un rendu optimal.

Prenons comme exemple cette photo. Ce sont les préparatifs d’une jeune mariée.
Elle se découvre au miroir après que la maquilleuse ait fait son travail.
La première version est telle qu’elle sort de l’appareil (enfin, pas tout à fait puisque elle a été légèrement recadrée):

Qu’en pensez vous ?

Elle paraît a première vue bonne. Mais on s’aperçoit qu’elle manque de contrastes, elle est un peu “plate”.
Ceci est dû à la lumière trop homogène sur le visage. Il s’agit d’une photo prise sur le vif, donc impossible de bouger la lumière ou le sujet…
Le post traitement “de base” sur cette image consiste juste à augmenter le contraste :

Dans la version suivante j’ai légèrement augmenté la luminosité sur l’œil.
J’ai aussi lissé un peu le peau sous l’œil. Bien que ce soit très léger on peut dire qu’il s’agit d’une “retouche” dans la mesure où ça modifie la structure des pixels…

On peut évidemment aller plus loin et proposer plusieurs “interprétations”, ça devient une question de goûts.
Ici j’ai modifié légèrement la colorimétrie et en augmenté la luminosité sur le visage…

Ici je suis passé en noir et blanc…

Après avoir vu ces trois dernières versions, voici à nouveau la première.
En passant la souris sur l’image ci dessous vous allez basculer de version:

Que pensez-vous maintenant de cette première version ?
Au premier abord elle semblait bonne, mais maintenant elle paraît vraiment fade!
Et pourtant le traitement effectué sur cet exemple est assez léger.
On voit qu’un post-traitement bien ciblé fait toute la différence !

Il est facile de pousser beaucoup plus les traitements, l’effet est parfois intéressant, mais une des difficultés consiste justement à savoir s’arrêter !

Combien de temps prend le post-traitement ?
Ceci dépend du photographe, du degré de perfectionnement qu’il veut atteindre, de sa vitesse de travail et des outils qu’il utilise.
Cela dépend aussi évidemment des conditions de prise de vue.
Personnellement je compte deux heures de post-traitement pour une heure de prise de vue.
De nombreux collègues à qui j’ai posé la question m’ont donné à peu près la même réponse.